Adaptation à la crèche : 7 questions à Solène, Auxiliaire de puériculture

Quand l’heure arrive de retourner au travail et qu’il nous faut confier notre enfant à la crèche on croise tous les doigts pour que cette adaptation se passe au mieux. Nous rêvons toutes et tous de pouvoir le laisser sans problème et de partir sereinement au travail en sachant que l’on s’occupe bien de lui.

Mais alors comment faire pour la période d’adaptation se passe au mieux ?

Solène, Auxiliaire de puériculture bienveillante et passionnée (parole de Charlie), a pris le temps de répondre à vos questions.

1) Ma fille vient de commencer la crèche à 2 mois et demi mais elle pleure tous les matins et beaucoup en journée. Que peut-on faire ?

Les nourrissons en général ne réagissent pas à la séparation parce qu’ils n’ont pas encore développé la conscience de l’autre. Du moment que leurs besoins vitaux et affectifs sont respectés ils sont comblés. Par contre, ils ressentent les angoisses de leurs parents. On ne le dira jamais assez mais les bébés sont des petites éponges à émotions. N’oubliez pas que votre petite fille ne peut exprimer son angoisse que par des pleurs : parlez lui, rassurez là et puis surtout demandez conseil à l’équipe, établissez un lien de confiance avec eux pour que votre petite sente que vous vous sentez en confiance.

2) Comment gérer correctement les séparations avec bébé quand il pleure ou est angoissé (notamment quand il commence à découvrir le sentiment d’abandon) ?

Selon moi, il ne faut jamais parler d’abandon mais de séparation. Cela arrive avec l’angoisse du huitième mois, selon la théorie mise en lumière par Spitz, où il explique que la prise de conscience de l’autre est alors acquise et qu’un enfant est capable de distinguer ce qui lui est familier ou non. Le bébé à présent commence à ressentir ce qu’est la véritable séparation et cela crée de l’angoisse.

Il y a plusieurs façons d’appréhender cette anxiété : des jeux de cache-cache ou de coucou pour que le bébé arrive à comprendre que quand quelque chose disparaît elle finit toujours par revenir.

Pour le moment de la séparation du matin, il est nécessaire d’accepter que son enfant, même s’il apprécie les professionnels, préfère le plus souvent d’avantage être avec ses parents, du coup il exprime son désaccord et le plus souvent par des pleurs. Il faut donc l’accepter et comprendre que les pleurs ne sont pour la plupart que de courte durée.

Il faut bien expliquer à bébé, sur le trajet, qu’il va à la crèche, comme on le dit souvent il vaut mieux prévenir que guérir. Les transmissions du matin ne doivent être ni trop longues ni trop courtes, pour que bébé se sente en sécurité et pas laissé à la va-vite ni ressentir que vous ne voulez pas partir et le laisser.

Il faut toujours bien lui dire au revoir et ne surtout pas s’échapper furtivement lorsqu’il est distrait. Et il ne faut surtout jamais revenir en arrière, une fois que nous sommes partis nous sommes partis, il est bien trop dur pour un enfant de vivre une deuxième séparation dans un laps de temps si court.

3) L’adaptation s’est bien passée car bébé est très facile et ne pleure pratiquement jamais. Le personnel n’a pratiquement pas eu besoin de s’en occuper pendant l’adaptation. Comment être certaine que l’on s’occupera tout de même correctement de lui si les autres enfants plus bruyant accaparent toutes l’attention du personnel ?

J’ai pu remarquer lors de mes diverses expériences en crèche que chaque enfant a des réactions très différentes lors de l’adaptation, certains sont plus sereins, d’autre moins. Ils marqueront la séparation d’une façon plus ou moins impressionnante. Ce n’est pas parce que votre bébé n’exprime pas son angoisse aussi ouvertement que les autres qu’il ne la ressent pas tout de même. Puis, comme j’ai déjà expliqué, il y a différents stades, il est possible que l’angoisse se démontre plus tardivement. Vous devez faire confiance aux professionnels, ils sont là pour ça avant tout. Nous sommes formés pour nous occuper de tout type de personnalité et de tous les enfants, on ne s’occupe pas plus de ceux qui pleurent. Surtout, faites confiance à votre crèche.

4) Nous venons de commencer l’adaptation et nous avons le sentiment que le personnel ne tient pas compte de nos remarques concernant notre enfant que ce soit sur les jeux qu’il aime, la nourriture qu’il aime ou bien même sur notre souhait de vouloir utiliser certains produits bio fournis par nos soins. Comment attirer l’attention du personnel sur ces petits détails qui comptent beaucoup pour nous ?

Vous ne semblez pas avoir entièrement confiance en l’équipe ce qui est compréhensible, mais il est primordial de le faire. Avez-vous pensé à fournir un petit cahier avec des photos de famille, un descriptif de la nourriture qu’il aime bien, ses petites habitudes? Je trouve que cela aide à forger un lien entre le personnel et la famille. J’insiste encore sur l’importance de la confiance entre les parents et la crèche. Il est important de se rappeler que ce sont des professionnels qui sont là pour prendre soins de votre enfant et qui s’engagent à le faire en respectant au mieux vos envies et habitudes personnelles.

5) Nous avons déménagé et mon fils vient de faire sa rentrée dans une nouvelle crèche. Il était dans la précédente de depuis ses 3 mois et a désormais 16 mois. Comment l’aider à passer ce cap difficile ?

Tout changement peut provoquer de l’angoisse pour l’adulte comme pour l’enfant. Le fait qu’il ait déjà changé de domicile peut déstabiliser sa routine et ses rituels, il faut un temps d’adaptation. Surtout continuez à bien lui expliquer et à bien le rassurer, essayez de savoir à l’avance quel professionnel sera là pour l’accueillir le matin, parlez lui de la crèche de manière positive, des activités prévues et de ses copains. Ceci le rassurera et le rendra heureux et motivé pour y aller.

6) Ma fille a toujours adoré la crèche où elle va depuis ses trois mois. Elle vient d’avoir 10 mois et depuis 2 semaines elle a de gros chagrins lorsque je m’en vais. Que peut-on faire pour y remédier ?

L’angoisse du huitième mois ne se déclenche pas à un jour précis, les bébés ne sont pas des robots. Comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas une maladie mais une phase importante dans la vie de l’enfant. Il faut l’accepter et surtout laissez votre enfant s’exprimer. Une fois que vous êtes partis, le personnel prendra le relais et continuera à le rassurer en lui indiquant que vous allez bien revenir et que vous pensez à lui.

7) Nous venons de commencer la crèche depuis 2 mois et on s’occupe très bien de notre enfant mais je trouve que le personnel se permet des remarques désobligeantes avec les enfants quand les parents ne sont pas toujours là « Que tu es grosse toi », « Tu as vu celui-là, ses parents l’habillent en fille ! ». Peut-on leur demander de ne pas en faire avec notre enfant lorsque nous sommes absents ?

En effet, ceci est un problème qui a besoin d’être réglé de manière constructive. Ce n’est pas normal que des professionnels se permettent de faire des remarques aussi désobligeantes. Ce comportement-là est inadmissible et surtout interdit.  Vous êtes tout à fait dans votre droit de vous adresser à la direction pour que le personnel soit au courant que cela ne passe pas inaperçu. Croyez-moi aucune directrice accepterait que son personnel se comporte de la sorte. Comme je vous l’ai dit les enfants comprennent et ressentent tout. Il est aussi possible de vous exprimer sur le fait, si vous entendez des remarques pareilles, exprimez-vous c’est dans votre droit car la confiance va dans les deux sens mais surtout elle se gagne, et les professionnels se doivent d’avoir un comportement exemplaire auprès des parents comme des enfants.

adaptation à la crèche

Solène a 33 ans et a suivi une formation d’auxiliaire de puériculture.

Pourquoi avoir choisi de faire ce métier ?

J’ai toujours eu un très bon contact avec les enfants. Etant de nature empathique j’aime prendre soin de l’autre. Ma petite sœur est arrivée quand j’avais 11 ans et j’ai pris énormément de plaisir à m’occuper d’elle et à découvrir le monde de la petite enfance.

Par la suite et tout au long de mes études j’ai fait beaucoup de gardes à domicile. J’éprouvais de la fierté à m’occuper des enfants. Après avoir fait des études de politiques internationales et d’anglais, et avoir travaillé dans des domaines variés j’ai décidé de me reconvertir vers une profession qui me passionnait.

Certes c’est un métier difficile mais pour ma part une réelle vocation.

Nous, les professionnels de la petite enfance nous apportons tout ce que nous pouvons aux enfants mais ce qu’ils nous donnent en retour tous les jours est énorme aussi. C’est à mes yeux un échange tout simplement magique.

adaptation à la crèche

Commentaires

  1. mamansurlefil
    29 septembre 2017 / 9 h 09 min

    C’est super intéressant d’avoir les conseils d’une personne située de l’autre côté du “miroir”… Très instructif ! Merci pour ces petites interviews. J’aime beaucoup cette rubrique

    Virginie

    • Julie Olk
      Auteur / autrice
      2 octobre 2017 / 10 h 10 min

      Oh c’est très gentil… Ton commentaire fait écho à une question que je me pose, dois-je faire une rubrique spéciale pour ces ITW du mois ?

  2. Les Délices de framboise
    30 septembre 2017 / 1 h 09 min

    Merci pour ces petits conseils bien utiles. Bon comme tu le sais ici il ne va pas à la crèche mais même quand je le fais garder, il en a rien à faire quand il me voir partir 😀
    Bisous

    • Julie Olk
      Auteur / autrice
      2 octobre 2017 / 10 h 10 min

      Tu es le centre de son monde qu veux-tu ?^^ Je pense que les conseils concernant la séparation sont valables dans ton cas. 😉

  3. Mumtwokids
    30 septembre 2017 / 1 h 09 min

    Ici choupette va chez une nourrice donc forcément on se pose moins de questions puisqu’il y a beaucoup moins d’enfants cependant je trouve très intéressant d’avoir l’avis d’un professionnel pour ôter les doutes des parents. Très bonne idée ! 

    • Julie Olk
      Auteur / autrice
      2 octobre 2017 / 10 h 10 min

      Je te remercie. J’essaie de tenir le rythme d’une interview par mois avec un professionnel et c’est vrai que ce n’est pas toujours facile^^

  4. elisa
    3 octobre 2017 / 4 h 10 min

    je l’ai lu à sa sortie mais n’avais pas encore commenté. je trouve cette idée d’interview très sympa (en plus de par mon métier, tu commence à me connaître lol) c’est vraiment intéressant. une rubrique spéciale pourquoi pas comme tu le dis à mamansurlefil. même si fiston est chez une nounou, la notion d’attachement est aussi vécue ici donc c’est bien de voir qu’on ne peut pas y faire grand chose❤

    • Julie Olk
      Auteur / autrice
      4 octobre 2017 / 5 h 10 min

      il va falloir que j’étudie de plus près la question des nounous^^ Je note ton vote pour une rubrique dédiée aux interviews. Je vais voir comment organiser ça. 😉

  5. recherche de creche
    10 janvier 2018 / 5 h 01 min

    La recherche de creche n’est déjà pas simple mais en plus il faut vraiment faire confiance aux professionnels à qui l’on va confier son enfant. Le témoignage est très rassurant concernant le suivi et l’encadrement des enfants à la crèche 

    • Julie Olk
      Auteur / autrice
      29 janvier 2018 / 10 h 01 min

      Oui c’est vrai qu’obtenir une place en crèche n’est malheureusement pas facile… Solène est une excellente puéricultrice et je trouve ses réponses très instructives.

  6. Solenne Elia
    30 janvier 2018 / 10 h 01 min

    Alors effectivement d’un enfant à l’autre les réactions sont très différentes. Mon fils aîné a commencé la crèche à 10 mois et ça a été très difficile pour lui. Beaucoup de larmes, besoin d’être rassuré, d’avoir son doudou et sa sucette. Aujourd’hui il a 2 ans et demi et le moment de la séparation est toujours un peu dure, il ne pleure plus mais ça reste délicat. Alors que mon fils cadet qui a commencé la crèche à 9 mois n’a aucun soucis pour la séparation. A chaque fois qu’on arrive à la crèche, il est tout content! Il va vite retrouver les autres enfants et jouent avec eux avec plaisir! C’est à peine s’il remarque que je m’en vais! 

    • Julie Olk
      Auteur / autrice
      1 février 2018 / 1 h 02 min

      J’imagine que c’est un soulagement de voir que son 2ème enfant vit mieux cette séparation. Les enfants ont tous leurs réactions en effet et c’est important de le rappeler.

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